Théâtre à cru / création 2016
Théâtre, musique et dessin
A partir de 14 ans
Durée : 1h15 environ
Le texte de Voltaire « Candide, ou l’optimisme », fabuleux de malice et de fantaisie, regorge d’audaces scénaristiques et révèle une incroyable liberté de ton : de quoi ouvrir largement le champ des possibles théâtraux.
Comment conserver cette jubilation et le plaisir de l’aventure, tout en faisant entendre avec clarté les idées et la philosophie de ce conte ?
Notre Eldorado pour cette création était de faire comme si nous préparions une fête grandiose dans notre cuisine !
Rappel : Candide, imprégné des théories optimistes de son maître, traverse des territoires d’injustices et de crimes dont la drôlerie accuse l’absurdité. Au terme de ce long voyage initiatique, loin de sombrer dans le pessimisme le plus désespéré, il découvre que l’homme est capable d’améliorer sa condition et s’attaque à la tâche : aménager, civiliser… Fertiliser notre monde en somme.
Faisons feu de tout bois ! Créons avec ce que nous avons sous la main, recyclons les accessoires, les décors, les costumes ! Nous voulions nous recentrer et inventer à partir de nos énergies motrices, de ce que nous sommes ensemble. Le texte de Voltaire comme source et la position du conteur comme outil pour raconter et incarner cette fable philosophique.
Oui, le rêve d’un théâtre-phénix où le clown invente un monde à partir de presque rien.
Imaginer. Créer. Jouer. Mais surtout rencontrer. Partager. Pour ce projet autour de Voltaire je rêve de proximité, d’explorer de nouveaux les petites salles, de faire des sauts de puces. Non pas pour convoquer au théâtre de nouveaux spectateurs, mais pour essayer de contribuer à l'élaboration d'une société fraternelle et éclairée, animée par le dialogue.
Il y a des menaces contre lesquelles nous devons lutter avec ardeur : celle des intégrismes de tout poil qui mettent en danger notre liberté de pensée. Il me semble que l'humour est un très bon sésame pour ouvrir ce dialogue. Celui de Voltaire est brillant.
Il y a des œuvres qu’on a tellement l’impression de connaître par cœur qu’on ne prend pas la peine de les (re)lire. Candide ou l’optimisme est de celles-ci : un texte qu’on ne connaît en réalité bien souvent qu’à travers sa réputation, quelques clichés : le monde est cruel, l’amour trompeur sinon aveugle, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes mais nous pouvons contribuer à l’améliorer à condition de cultiver notre jardin.
En me penchant sur le contexte dans lequel Voltaire écrit Candide, une chose m’a frappé. Ce texte n’est pas né d’une pensée philosophique ex nihilo, il est le fruit de chocs émotionnels qui marquèrent de façon radicale et durable sa propre conception de la vie : le tremblement de terre de Lisbonne en 1755 (200 000 morts) et la Guerre de Sept Ans (1756-1763), terriblement sanglante, l’ont bouleversé et sont le point de départ d’un raisonnement poétique et humoristique.
« Presque toute l’Histoire est une suite d’atrocités inutiles ». Ainsi les raisons de douter de l’homme et de Dieu sont innombrables : les guerres, l’intolérance religieuse et les violences de l’Inquisition, l’esclavage et toutes les pratiques barbares… Sans compter les malheurs et souffrances dont l’homme n’est pas responsable mais qu’il subit et endure. Face à cette banqueroute de l’humanité, Voltaire se gausse de la philosophie optimiste qui affirme que Dieu est parfait, et que « le monde ne peut pas l’être mais que Dieu l’a créé le meilleur possible » : autrement dit chaque malheur qui s’abat sur le monde ferait en fait partie du grand plan de Dieu, dont le dessein est au bénéfice de l’Humanité. Il n’en critique pas moins le fatalisme qui dit : à quoi bon, on ne peut rien n’y faire. Ou le pessimisme absolu qui y conduit : il n’y a rien à faire.
Voltaire invente alors Candide, personnage naïf, imprégné des théories de son maître, pour le promener à travers un monde d’injustices et de crimes devant lesquels son optimisme crédule ne peut que flancher. Au terme d’un long voyage initiatique qui fera escale dans l’utopie de l’Eldorado, Candide va s’installer dans un petit jardin à la recherche d’une morale pratique qui l’aidera à vivre. Pour lui le monde reste un mystère, il n’est ni le meilleur ni le plus mauvais possible ; l’homme est orphelin, et l’explication du mal, personne ne la lui donnera.
En revanche, il est capable d’améliorer sa condition.
Sans céder à un optimisme béat ni à un pessimisme résigné, il peut se sauver du désespoir et doit changer ce qu’il peut, à sa mesure ; aménager, civiliser, s’attaquer à la tâche, en somme : fertiliser le monde, et en diminuer « la quantité de mal ». L’utopie n’étant pas de ce monde, ce n’est que par ses actes et par ce qu’elle porte en elle de révolutionnaire que l’humanité doit continuer à « cultiver » son jardin. Cultiver notre jardin doit s’entendre dans un sens plus largement social et humain de coopération. Nous avons entre nos mains la possibilité de mener ce combat : « écrasons l’infâme », autrement dit, luttons même modestement contre la superstition, l’intolérance, les fanatismes.
Alexis Armengol, mai 2016
Conception : Alexis ARMENGOL en collaboration avec Cindy DALLE, Laurent SERON-KELLER, Rémi CASSABÉ (composition), Shih Han SHAW (dessins et vidéo), Matthieu VILLOTEAU (son)
Sur scène : Laurent SERON-KELLER, Rémi CASSABÉ
En régie : Lauriane RAMBAULT, Matthieu VILLOTEAU, François BLET
Voix : Esther ARMENGOL
Regards extérieurs : Pierre HUMBERT, Isabelle VIGNAULT
Conseils techniques : Jean-Baptiste DUPONT, Antoine GUILLAUME
Administration et production : Sandrine GUILLOT, Marie LUCET
Stagiaire production : Sarah JOUTY
Diffusion : Jessica RÉGNIER - Les 2 Bureaux
Candide qu'allons-nous devenir ? a reçu l'aide à la création du Conseil départemental d'Indre-et-Loire. Avec le soutien du Théâtre Olympia, Centre dramatique national de Tours et du Volapük, Tours.
Créé les 5, 7, 11 et 13 octobre 2016 au Volapük, à Tours
Présenté en juillet 2017 à Avignon à La Manufacture
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